Et si on pouvait offrir un monde meilleur à nos enfants…?

Dans ces temps tourmentés, il est difficile de ne pas se laisser envahir par l’anxiété. Les nouvelles sont chaque jour plus déprimantes, et on se sent souvent impuissant face à tout cela. Et c’est vrai en partie. Face à une pandémie mondiale qui tue des milliers de personnes chaque jour, on nous demande de rester assis sur notre canapé à attendre que ça se passe. C’est terrible, et on s’en sent d’autant plus coupables. Le gouvernement allemand a d’ailleurs réaliser une vidéo à ce sujet. Malheureusement elle n’est pas sous-titrée mais vous pouvez jeter un oeil, je suis certaine que vous comprendrez où ils veulent en venir. La chute est la suivante: « Alors nous avons tous fait preuve de courage et fait ce que l’on attendait de nous: c’est à dire RIEN ».

Si je me sens triste et angoissée par ce qui se passe dans le monde, je le suis encore davantage quand je pense à mes enfants. Je me dis que ce n’est pas juste qu’elles aient à vivre de telles choses alors qu’elles sont si petites et bien sûr je m’inquiète pour leur futur. De toute évidence, nous essayons de les protéger, mais d’une manière ou d’une autre, les enfants ressentent le malaise ambiant, ou les émotions des adultes qui les entourent.

« Maman, tu sais si l’école était fermée hier, c’est parce qu’il y a eu une attaque à l’école… » Hannah, le surlendemain de l’attentat qui a eu lieu à Vienne le 2 novembre. Lorsqu’on nous a demandé de rester à la maison alors que les forces de l’ordre continuaient de chercher de potentiels assaillants, Hannah nous avait déjà interrogé, et nous avions répondu vaguement que c’était un jour spécial pour Vienne. Mais de retour à l’école, une de ses copines qui a une grande soeur, avait dû recevoir une autre réponse de la part de ses parents. Alors que j’avais prévu de ne pas aborder le sujet, j’ai pris mon courage à deux mains, pour expliquer à ma fille, qu’il y avait bien eu une attaque à Vienne, mais que cela s’était passé « très loin » de son école. Hannah ajoutera même en hésitant que la police avait tiré des coups de feux sur un garçon. « La police a bien tiré mais c’était sur le méchant, et maintenant c’est fini, tu n’as pas à avoir peur. » C’est la première fois qu’un attentat survient dans la ville où je vis, et surtout c’est la première fois que je dois trouver des mots pour en parler à ma fille. Malheureusement, je crains fort que ce ne soit pas la dernière. Difficile de trouver le juste milieu entre continuer à vivre normalement, en se concentrant sur l’essentiel, sur l’amour et la sécurité au sein du foyer ; tout en leur expliquant lorsqu’il le faut, pourquoi ils n’ont plus le droit d’organiser une fête d’anniversaire, de voir leurs grands-parents, ou même encore d’aller à l’école.

Alors pour contre-balancer toutes ces émotions j’aime croire que le monde peut changer, que nous vivons les années les plus difficiles, et que le tournant est tout proche. (L’élection de Biden en serait-elle les prémices?) Je garde espoir que mes filles fassent partie d’un monde où les guerres s’arrêtent les unes après les autres, où la biodiversité est protégée, la planète est sauvée. Vous n’entendez pas le piano au loin, c’est « Imagine » de John Lennon qui commence…

Les paroles de cette chanson résonnent beaucoup en moi, principalement le fait de ne rien posséder (mon côté nomade), et de vivre dans le présent (mon côté yogi), tous ensemble dans un seul et même pays. Je suis de la génération Erasmus, et pour cette raison, depuis mes 21 ans, je me suis toujours plus considérée européenne que française. J’ai toujours adoré être entourée de personnes de nationalités et de cultures différentes. Je trouve cela intéressant et enrichissant au plus haut point. Je pourrais écouter de gens parler une langue étrangère pendant des heures sans me lasser. Et pourtant, finalement, je réalise que je ne suis pas si d’accord que ça avec John Lennon. Je pense que le monde est plus intéressant si nous sommes tous différents. J’aime penser toutefois que nos différences puissent être une richesse, un atout. Je ne souhaite pas que les traditions, les langues, les dialectes ou encore les religions disparaissent, au contraire. Mon souhait est que nous apprenions tous à cohabiter, et que nous réalisions, surtout, que passé la barrière d’une langue, d’une religion ou même d’une apparence physique, nous sommes tous les mêmes. Si j’oublie un instant que je suis petite avec des cheveux châtains, que je suis enseignante ou encore maman, et que je me regarde à l’intérieur, qu’est-ce-que je vois? Ce que je vois est probablement très proche de ce que tu vois. J’aime beaucoup cette citation de Maya Angelou que j’ai entendu à la fin d’un cours de yoga un soir: « Each of us has lived through some devastation, some loneliness, some weather superstorm, or spiritual superstorm. When we look at each other we must say I understand, I understand how you feel because I have been there myself. We must support each other and empathize with each other because each of us is more alike than we are unalike. « 

Toute le monde sait que l’ignorance engendre la haine, ou au minimum la méfiance. Je vais peut-être vous surprendre mais alors que je défends fermement la liberté d’expression j’ai tendance à penser que la France est trop extrême dans son allergie aux religions. La laïcité qui devrait consister à accepter et soutenir toutes les religions est souvent mal interprétée et finalement revient plutôt à les éviter. Il y a une sorte de malaise vis-à-vis des religions en France. Pour ma part, je crois que ce malaise est en partie dû au fait que l’école ne cherche pas à faire découvrir les religions aux enfants. Si à l’école – qu’elle soit publique ou privée – les enfants étaient familiarisés aux différentes religions, le monde n’en serait que meilleur. Je dis bien à « toutes les religions » et non pas à une seule. Ces enfants deviendraient des adultes plus ouverts et plus tolérants.

A l’école où vont les filles, ils attachent une grande importance aux fêtes et célébrations. Une importance particulière est portée aux traditions autrichiennes (comme la fête des récoltes qui a eu lieu au début de l’automne) mais les festivals du monde entier y sont également célébrés. Cette semaine, par exemple, ils ont fêté Diwali, la fête religieuse la plus importante pour les hindous, qui est devenue une fête nationale en Inde (Diwali ou « la fête des lumières » est célébrée en allumant des bougies, et en récitant des mantras). En décembre ils célèbreront aussi bien Hanukkah que Noël. Et je suis sûre que d’autres fêtes venant d’Asie ou d’Afrique suivront au cours des prochains mois. Cela encourage les enfants à avoir une ouverture d’esprit sur les religions et les cultures autres que les leurs. Peut-être que dans 20 ans Hannah rencontrera un Indien et lui racontera se souvenir d’avoir fêté Diwali à l’école. Elle sera peut-être plus à même d’entamer une discussion avec une personne venant d’Inde parce qu’elle a l’impression de connaître un peu son monde.

En France, l’école publique est laïque mais les enfants passent deux mois à préparer Noël. Je pense même que la plupart des enfants pensent que Noël est célébré dans le monde entier, alors que c’est loin d’être le cas. Les juifs, les musulmans, les bouddhistes, les hindouistes ne fêtent pas Noël. On ne fête plus la fête des mamans ou des papas à l’école par respect pour les familles recomposées, mais alors dans cette logique, on pourrait arrêter de fêter noël par respect pour ceux qui ne le fêtent pas..? Je ne suis pas pour, au contraire, mon souhait est que soient célébrés toutes les fêtes et festivals du monde, afin d’ouvrir le coeur et les esprits des enfants. Je me pose juste des questions.

Serait-il possible de faire la même chose en France? Les musulmans de France se sentiraient-ils mieux reconnus si on leur disait célébrer Aïd el-Fitr à l’école? Les juifs de France retireraient-ils leurs enfants des écoles privées catholiques pour les remettre à l’école publique si on leur disait que Purim et Hanukkah sont mis en avant autant que Noël? Au jour d’aujourd’hui mon rêve est de voir cohabiter les religions, et non de les voir disparaître, que chacun puisse connaître la beauté de chacune d’entre elles.

C’est peut-être d’ailleurs une des seules raisons pour laquelle j’aime vivre dans une grande ville. C’est pour sa diversité, sa mixité. L’Augarten Park, situé dans le quartier Leopoldstadt à Vienne, est reconnu pour en être un exemple. Les juifs orthodoxes s’y promènent à vélo, les musulmans en famille, tout autant que les hipsters autrichiens, et les mamies chinoises qui pratiquent le Tai-Chi. J’adore, ça me réchauffe le coeur (et ça me rappelle New-York :))

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